La migraine, cette tortureDr Bruno GröbliLa lumière fait mal. Le bruit fait mal. Le changement de temps fait mal. Chaque effort fait mal. C'est la migraine! Ces attaques douloureuses, en général sur un seul côté, peuvent disparaître en quelques heures ou durer des jours. La douleur évoque un coup de couteau ou un martèlement, elle peut s'exacerber jusqu'à devenir insupportable, aggravée par toute activité physique. Dans les cas graves, la nausée et les vomissements sont fréquents. Généralement, les accès de migraine débutent par une phase préliminaire: les vaisseaux sanguins de la tête se contractent et se dilatent dans une première période de céphalée. Des troubles de la vue (papillotements) peuvent se manifester, allant jusqu'à la perte de la vision; dans les cas graves, on constate une paralysie unilatérale des bras, des jambes et des muscles oculaires ou encore des troubles sensoriels du visage. Ces symptômes précurseurs de l'accès de migraine peuvent durer quelques minutes ou quelques heures, avant de disparaître. Aujourd'hui encore, on ne sait pas vraiment ce qui cause la migraine. A côté de dispositions héréditaires, l'origine peut se trouver dans une diminution cyclique des transmetteurs biologiques. Pour une raison demeurée inconnue jusqu'à nos jours, le centre du cerveau subit une surexcitation, qui s'étend à tout l'organe. Parmi les facteurs de déclenchement de la migraine figurent les troubles du rythme du sommeil et de la veille, les variations hormonales précédant et accompagnant la menstruation, les substances toxiques présentes dans l'environnement, les conditions météorologiques et certains aliments comme le vin rouge, le fromage à pâte molle, les agrumes, les noix et le chocolat. On estime que près de 30% des accès de migraine sont dus à des substances alimentaires.
La migraine peut se manifester à tout âge, mais débute le plus souvent entre la dixième et la trentième année. Les hommes sont moins souvent affectés que les femmes. La moitié des migraineux comptent au moins une personne touchée dans leur famille. On constate avec inquiétude que la fréquence de la migraine augmente chez les enfants: jusqu'à 4% des écoliers et écolières sont touchés. Elle frappe plus souvent les garçons d'âge scolaire que les filles. Heureusement, la maladie disparaît chez plus de la moitié des enfants dès l'âge de dix ans. Le diagnostic de la migraine est précédé d'une anamnèse attentive, impliquant une observation de longue durée. On obtient de bons résultats en recommandant de tenir un "journal des maux de tête"dans lequel sont notés soigneusement la fréquence et la durée des accès de migraine, le lieu où ils se produisent, les symptômes qui les accompagnent, sans oublier les antécédents familiaux. De nombreuses thérapies se sont révélées efficaces, mais elles ne sont malheureusement pas toujours applicables sans autre à l'ensemble des patients. On connaît des "rebelles aux thérapies"dans toutes les disciplines de la médecine, que celle-ci soit "d'école" ou "naturelle". Outre le recours aux médicaments, dont nous ne parlerons pas ici, on ne manque pas de moyens propres à soulager la douleur et à amener la guérison.
II est impossible d'établir un palmarès de ces thérapies: telle fera merveille chez l'un qui demeurera sans effet sur l'autre. Mais quelle que soit la solution choisie par le patient ou son thérapeute, elle doit être raisonnable, c'est-à-dire ne pas durer deux ou trois ans avant d'apporter une amélioration partielle ou totale. |