Tout est-il permis?

Dr Pierre Tschumi

 

Il était une fois, il y a fort longtemps, - dans une contrée lointaine, des femmes et des hommes sages 'qui gouvernaient le pays pour le bien de la population. Ils édictaient des lois utiles chaque fois que cela était nécessaire et nommaient des fonctionnaires qui verbalisaient tous ceux qui faisaient mine d'enfreindre ces lois.

Quel dommage que nous ayons perdu la trace de ce pays! Nous pourrions organiser une expédition pour tâcher d'y découvrir quelqu'un qui sache où retrouver ces sages qui veillent à ce que les lois soient respectées. Chez nous, leur espèce a disparu depuis longtemps. Chez nous, chacun peut faire ce qui lui chante - que ce soit utile ou nuisible. Chez nous, il faut qu'un accident ait lieu avant que l'on prenne des mesures.

C'est ainsi que des troupes toujours plus nombreuses de guérisseurs offrent leurs coûteux services. A peine ont ils accompli un week-end de formation qu'ils placent des annonces dans les journaux, se mettent au travail et manipulent la colonne vertébrale de leurs semblables, sans se soucier de savoir si cela est nécessaire, voire dangereux. L'important, c'est que l'argent rentre - si possible sans facture. Tout cela se passe sous toutes sortes d'étiquettes, au vu et au su de chacun - et des autorités sanitaires - alors que tout le monde sait bien que ces pratiques sont interdites, à juste titre d'ailleurs puisqu'il y va de la santé des gens.

Avez-vous déjà vu ce qui se passe lorsque le marchand de légumes installe sur le trottoir un stand qui dépasse de 7,4 cm la limite autorisée? On voit immédiatement apparaître au moins deux personnes en uniforme à la mine grave, armées d'un mètre et d'un carnet de contraventions. Et lorsqu'un guérisseur sans formation sérieuse et sans autorisation se met à exercer, et que les autorités compétentes ont vent de la chose, que se passe-t-il? Il ne se passe rien, puisqu'il ne s'est encore passé aucun accident... Le bons sens est chose si répandue qu'on n'y accorde aucun crédit.

Le danger encouru par les patients, les coûts engendrés, les dispositions qui ne sont pas faites pour être ignorées - tout cela ne compte pas, tant qu'il n'y a pas eu mort d'homme.

Pourquoi ne pas téléphoner au parlementaire qui vous représente pour lui demander ce qu'il ou elle compte faire pour combattre l'anarchie coûteuse et dangereuse qui règne dans le domaine de la santé?

 

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