De vaines promesses

Dr Pierre Tschumi

Si la nouvelle loi sur l'assurance-maladie LAMal abonde en mystères insondables, une chose est claire: elle coûte cher, et fort cher!

Cette loi a été adoptée avant tout sous l'effet du choc causé par l'augmentation des coûts de la santé et il n'est donc pas étonnant que de nombreux hommes et femmes politiques - que ce soit par naïveté et crédulité ou en toute connaissance de cause - l'ait prônée comme la seule solution possible. Au nombre des arguments majeurs figurait celui de l'encouragement de la concurrence entre prestataires de soins médicaux: on allait voir augmenter les prestations et diminuer les coûts. Bien entendu, ce principe est juste, 1 ' ennui est que la LAMal est appliquée de manière toute différente. Les hôpitaux publics sont financés par les impôts des contribuables, offrent des services de qualité mais qui sont loin d'être plus avantageux, tandis que les établissements privés et ceux des autres cantons se voient supprimés des «listes d'hôpitaux» cantonales.

Conséquence: si le patient n'a qu'une assurance générale, les caisses-maladie ne couvrent pas les traitements subis dans ces catégories d'établissements. Comme les cantons entendent protéger leurs hôpitaux publics contre la concurrence, les fonctionnaires ne veulent pas savoir que les établissements privés offrent en général des soins de haut niveau, et souvent à des prix plus modérés.

Peut-être avez-vous une assurance complémentaire, ce qui vous incite à croire que tout cela. ne vous concerne pas? Et pourtant! Voici ce qui peut se passer: votre assurance complémentaire ne couvre que les prestations complémentaires dans les hôpitaux privés. Les prestations de base, qui représentent en général la plus grande part de la facture, demeurent à votre charge. Pour sortir de cette situation plutôt curieuse, on a imaginé une solution qui ne l'est pas moins: votre caisse-rnaladie augmente la prime complémentaire de manière à ce qu'elle couvre à la fois les frais de base et les frais complémentaires...

Si un assuré accepte de limiter ses possibilités de choisir un médecin ou un hôpital, rien à dire à cela: il renonce volontairement à une part de liberté et paie donc une prime de caisse-maladie différente. En revanche, il n'est pas correct de refuser aux assurés des prestations pour lesquelles ils ont payé.

Qu'en est-il de la diminution des coûts? Dans leurs bureaux, les bricoleurs de la planification économique n'ont-ils pas toujours prétendu que leurs mesures allaient faire baisser les coûts? Pour les assurés qui considèrent l'augmentation subie par leurs primes depuis l'entrée en vigueur de la LAMal, ces affirmations sonnent comme autant de fausses notes.

Allons-nous nous contenter pendant longtemps encore de vaines promesses? Un certain nombre de citoyens engagés ont déjà fait un pas dans la bonne direction en lançant une initiative populaire exigeant le libre choix du médecin et de l'hôpital.

Lors de la campagne en faveur de la LAMal, on nous a fait tant de belles promesses que nous avons maintenant le droit d'exiger cette liberté de choix. En outre, nous avons aussi un devoir: celui de défendre notre liberté avant qu'il ne soit trop tard.

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